À l’air libre, le radon est inoffensif puisqu’on le retrouve en quantité minimale (de 7 à 10 Bq/m3). À concentration élevée, ce gaz radioactif est nocif pour les personnes qui y sont exposées à long terme, car il peut causer le cancer du poumon.
Causé par la dégradation de l’uranium présent naturellement dans le sol, le radon, qu’on retrouve partout à la surface du globe, est un gaz inodore, incolore et imperceptible. Calculé en becquerel par mètre cube, le taux de concentration du radon n’est pas le même partout, car certaines formations rocheuses favorisent davantage l’émission de radon dans l’air.
Les risques associés au radon surviennent lorsque le gaz s’infiltre en grande quantité dans les habitations. Plus lourd que l’air, le radon s’accumule généralement dans les lieux les plus bas et les moins ventilés des bâtiments, comme les sous-sols.
En plus du potentiel dangereux du radon, le problème réside principalement, au Québec du moins, au peu de ressources en ce qui concerne les solutions durables et l’aide professionnelle à laquelle les consommateurs devraient avoir accès.
Selon le Regroupement technologique en habitation du Québec, il faudrait créer un système de formation et de certification d’entrepreneurs pour s’assurer que ces derniers soient qualifiés dans la réalisation de travaux relatifs aux problèmes de radon. Le regroupement recommande aussi la création d’un guide d’information afin de prévenir l’apparition de pseudo experts ou de charlatans qui pourraient profiter de la méconnaissance du public sur le sujet.
Dans cette optique, l’ACQC tient à informer les consommateurs des principales données actuellement disponibles.
Santé Canada diminue son seuil de tolérance
En 1988, Santé Canada avait fixé à 800 Bq/m3 la limite tolérable de concentration de radon dans les aires habitées, seuil à partir duquel des mesures correctrices devaient être prises.
Après avoir examiné les résultats de recherches récentes, qui démontrent que le radon peut être dangereux à des concentrations inférieures à ce qu’on croyait auparavant, Santé Canada a émis en juin 2007 une nouvelle directive selon laquelle la norme canadienne était resserrée. Ainsi, des mesures correctrices pour réduire la quantité de radon dans l’air doivent être prises si le taux de concentration du gaz est supérieur ou égal à 200 Bq/m3, soit le quart de l’ancienne limite! L’organisme gouvernemental propose également que cette limite soit fixée à 100 Bq/m3 pour les nouvelles maisons.
On estime qu’au Canada, la concentration moyenne de radon dans les sous-sols des habitations se situe autour de 35 Bq/m3. Dans certains cas cependant, elle peut être beaucoup plus élevée, atteignant même parfois quelques milliers de Bq/m3.
La situation au Québec
Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS), les habitations québécoises sont relativement peu exposées au radon.
Certains secteurs des municipalités d’Oka, de Saint-Joseph-du-Lac, de Saint-André-d’Argenteuil et, plus récemment, du Mont-Saint-Hilaire présentent des taux de concentration du gaz plus élevé que la moyenne en raison des sols constitués de formations géologiques rares qui émettent de fortes quantités de radon.
En 1998, la Direction régionale de la santé publique (DSP) des Laurentides déposait un rapport sur les risques d’exposition au radon dans les résidences d’un secteur particulier d’Oka-Paroisse et de Saint-Joseph-du-Lac. Cette enquête révélait alors un sérieux problème de santé publique dans ces régions puisque les concentrations de radon mesurées dépassaient souvent la limite de tolérance de Santé Canada.
En décembre 2004, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publiait également un rapport traitant entre autres des effets du radon sur la santé et des concentrations retrouvées au Québec. Pour consulter le rapport, cliquez ici.
Comment le radon pénètre-t-il dans les maisons?
Lorsqu’une maison est située dans un secteur géologiquement propice à la présence de radon, le gaz peut avoir tendance à s’accumuler dans les sous-sols. Attention toutefois: dans une même région, la quantité de radon présent dans l’air varie d’une maison à une autre. La présence plus ou moins importante du gaz à l’intérieur d’une habitation est due à plusieurs facteurs: la concentration de radon dans le sol, la ventilation des lieux, l’étanchéité des murs de la maison, sa position par rapport aux vents dominants, etc. Il est donc pratiquement impossible de prédire sa présence.
Le gaz peut notamment s’infiltrer par des fissures dans les fondations, les murs et les planchers de béton, les joints, les drains de sous-sols, les puisards, les ouvertures autour des conduits d’évacuation (comme les raccords de tuyauterie) et sous la base des chaudières. Le radon peut également se frayer un chemin à travers les pores du sol et de la roche sur lesquels la maison est construite. Notez que les murs en blocs de béton et les planchers en terre battue sont très perméables au radon.
Quels sont les effets sur la santé?
D’abord étudiés sur les travailleurs des mines d’uranium, les effets négatifs sur la santé d’une exposition prolongée au radon se résument essentiellement au risque de développer un cancer du poumon.
Plusieurs recherches scientifiques récentes – menées notamment par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) – ont confirmé le lien entre le radon domestique et le cancer du poumon. Ce gaz a donc été classé «cancérigène prouvé chez l’humain» par le CIRC et l’Agence de protection de l’environnement (EPA) des États-Unis.
Il faut noter que la majorité (90%) des cancers du poumon attribuables à ce gaz survient chez les fumeurs ou les anciens fumeurs, car les effets conjugués du tabagisme et de l’exposition au radon multiplient de façon considérable les risques.
Au Québec, le MSSS estime que 10% des 4100 cancers du poumon diagnostiqués annuellement sont associés à l’exposition prolongée au radon.
Au paragraphe 3.1 (page 7) de son rapport de recherche sur le radon, l’INSPQ explique en détail le danger lié à ce gaz radioactif. En résumé, c’est l’inhalation des particules créées à la suite de la désintégration du radon qui est dangereuse pour les poumons et les bronches. La radioactivité n’agit toutefois que localement de sorte qu’elle ne se diffuse pas dans le reste du corps.
Attention! Selon le MSSS, il ne faut pas associer l’exposition prolongée au radon à d’autres types de cancers, aux allergies, à l’asthme, aux troubles respiratoires (bronchite chronique, emphysème) ou aux malformations congénitales.
Comment savoir s’il y a du radon dans la maison?
Le radon se retrouve pratiquement dans toutes les maisons en quantité minime, mais la concentration, même entre deux domiciles voisins, peut varier. Ce gaz radioactif est inodore, incolore et sans saveur; il est donc impossible de le détecter par les sens et passe donc inaperçu.
Pour mesurer la quantité de radon dans l’air, il faut utiliser les détecteurs que l’on trouve sur le marché, comme les cartouches à charbon de bois ou les détecteurs de trajectoire de particules alpha. Ces dosimètres, qu’on peut se procurer pour environ 50$, mesurent la concentration du gaz sur une courte ou une longue période. Comme la quantité de radon dans une maison peut fluctuer quotidiennement, il est recommandé de recueillir des données pendant quelques mois (de préférence en hiver). Les propriétaires peuvent également faire appel à des professionnels, mais ces techniques sont plus dispendieuses et peu courantes au Québec.
À partir de quand faut-il prendre des mesures correctrices?
Comme le conseille Santé Canada, des mesures correctrices devraient être prises lorsque la concentration moyenne annuelle de radon dans l’air dépasse 200 Bq/m3.
Plus la quantité de radon est élevée, plus les propriétaires devraient agir rapidement en ramenant cette quantité au niveau le plus bas possible.
L’organisme gouvernemental confirme qu’il est plutôt rare que le taux de radon dans l’air soit élevé dans les maisons au Canada, mais «puisque toute concentration de radon pose des risques, le propriétaire devrait réduire le niveau d’exposition peu importe la concentration détectée» (Votre santé et vous : le radon, Santé Canada, juin 2007).
Attention! Selon le Code civil du Québec, un propriétaire qui vend sa maison est tenu de déclarer, s’il le connaît, le taux de concentration de radon dans le bâtiment si celui-ci est plus élevé que la ligne directrice. Certains états américains exigent même, lors de la vente d’une maison, qu’il y ait certification démontrant que la quantité de radon est inférieure à la norme.
Comment réduire la concentration de radon dans la maison?
Différentes mesures relativement simples et peu coûteuses peuvent être prises pour diminuer la quantité de radon dans la maison. En voici quelques-unes :
- Améliorer la ventilation dans l’édifice, en ouvrant notamment les fenêtres du sous-sol pour laisser entrer l’air frais et faire sortir l’air ambiant;
- Colmater les fissures dans les murs, la fondation et la dalle du sol, de même que les ouvertures autour des tuyaux et des drains;
- Appliquer deux couches de peinture sur le plancher et les murs du sous-sol et les recouvrir d’un produit scellant.
Si le taux de concentration demeure élevé, il est peut-être nécessaire d’aller régler le problème à la source, soit sous le plancher du sous-sol. Généralement, la procédure consiste à casser le béton pour installer un conduit d’air perforé sous la dalle et, ainsi, permettre la ventilation et l’extraction de l’air contaminé au radon.
Pour être certain que la solution est appropriée au bâtiment qui doit être rénové et que l’installation est adéquate, il est nécessaire de faire appel à un professionnel. Évidemment, ce type de travaux est plus coûteux.
La RBQ a prévu d’inclure dans la prochaine édition du Code de la construction du Québec l’obligation d’installer de manière préventive un conduit de 100 mm traversant la dalle et la membrane de polyéthylène, et possédant un bouchon. Ainsi, on pourrait facilement y raccorder un ventilateur d’extraction et prolonger le conduit jusqu’à l’extérieur du bâtiment pour évacuer le radon.
Dans les maisons neuves, le MSSS du Québec recommande, pour prévenir une grande concentration de radon, d’installer un système de ventilation adéquat, d’utiliser un béton plus résistant, d’y ajouter un plastifiant et de placer une membrane de polyéthylène sous le béton.
Dans les régions à risques, il est suggéré d’installer préventivement un système de dépressurisation du sol, c’est-à-dire d’un évent pouvant capter les gaz sous la dalle du sous-sol et les aspirer à l’extérieur de la maison.
Programme d’aide aux propriétaires
En 1999, la Société d’habitation du Québec (SHQ) mettait en œuvre, pour des raisons de santé publique, le programme d’aide financière pour les propriétaires de maisons exposées au radon. S’adressant aux résidants des municipalités d’Oka, de Saint-Joseph du Lac et de Saint-André-d’Argenteuil, le programme fournissait aux propriétaires une aide financière pour l’installation d’un système de dépressurisation du sol. Ce programme est terminé depuis le 31 mars 2005.